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Bouygues Telecom est embarrassé. Le 16 avril dernier, à cause d'un SMS transmis « de manière officieuse » à la police par l'un de ses salariés, un menuisier de 29 ans d'Abbeville, Stéphane, a passé 24 heures en garde à vue. C'est le Courrier Picard qui a raconté l'histoire samedi.
Stéphane, un menuisier de 29 ans d'Abbeville, faisant visiblement
l'objet d'une mauvaise blague, reçoit le SMS suivant d'un de ses collègues :
« Pour faire dérailler un train, t'as une solution ? »
Une mauvaise blague qui coûte cher à celui qui la reçoit. Des policiers l'arrêtent et il passe une nuit au poste. Motif officiel de sa garde à vue : « Non dénonciation de crime. » Le menuisier s'est insurgé dans le Courrier Picard :
« C'est totalement irréel. Je ne souhaite à personne de
vivre ce que j'ai vécu. (…) C'était un véritable choc. En deux secondes, j'ai eu l'impression de devenir un vulgaire criminel. Je me retrouve dans une belle cellule jaune qui sent la pisse, j'ai l'impression d'être traité comme un chien. »
L'auteur du texto a lui aussi été auditionné et son domicile, perquisitionné. Question : comment le SMS, qui relève de la correspondance privée, a-t-il fini sur le bureau du procureur d'Abbeville Eric Fouard ?
Un élément d'explication réside peut-être dans le fait que le téléphone de Stéphane n'était pas le sien, mais un téléphone de remplacement, prêté par l'opérateur. Par ailleurs, une porte-parole de Bouygues Telecom nous indique qu'une enquête est en cours :
« Nous avons appris cette affaire par la presse ce matin. Une enquête interne est en cours pour savoir qui a transmis ces informations et éventuellement mener des actions contre la personne fautive.
« Un opérateur n'est pas autorisé à délivrer le contenu d'un SMS aux autorités, sauf s'il y a réquisition judiciaire. Nous n'avons pas le droit de prendre connaissance des contenus échangés par nos clients.
« Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé. »
Le procureur Eric Fouard, lui, a moins d'états d'âme, si on l'en croit ses déclarations au Courrier picard :
»
L'opérateur a le droit de consulter ces messages et le
devoir d'alerter les autorités s'il estime qu'un crime ou un délit
est susceptible d'être commis. »
Il justifie la garde à vue par le « principe de précaution qui prévaut en
matière de terrorisme ». On sent que l'affaire Coupat n'est pas très loin…
► L'article a été modifié le 04/05/09 à 17 h 07
A la demande de la porte-parole de Bouygues Telecom